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jim harrison, boxeur

— Je crains, Charles, dit ma mère, que la garde-robe de Roddy ne soit d’un campagnard.

— Nous aurons bientôt pourvu à cela, dès que nous serons arrivés à la ville. Nous verrons ce que Stultz et Weston sont capables de faire pour lui, répondit mon oncle. Nous le tiendrons à l’écart jusqu’à ce qu’il ait quelques habits à mettre.

Cette façon de traiter mes meilleurs habits du dimanche amena de la rougeur aux joues de ma mère, mais mon oncle s’en aperçut à l’instant, car il avait le coup d’œil le plus prompt à remarquer les moindres bagatelles.

— Ces habits sont très convenables, à Friar’s Oak, ma sœur Mary, dit-il. Néanmoins, vous devez comprendre qu’au Mail, ils pourraient avoir l’air rococo. Si vous le laissez entre mes mains, je me charge de régler l’affaire.

— Combien faut-il par an à un jeune homme, demanda mon père, pour s’habiller ?

— Avec de la prudence et des soins, bien entendu, un jeune homme à la mode peut y suffire avec huit cents livres par an, répondit mon oncle.

Je vis la figure de mon pauvre père s’allonger.

— Je crains, monsieur, dit-il, que Roddy soit obligé de garder ses habits faits à la campagne. Même avec l’argent de mes parts de prise…

— Bah ! bah ! s’écria mon oncle, je dois déjà à Weston un peu plus d’un millier de livres. Qu’est-ce que peuvent y faire quelques centaines de plus ? Si mon neveu vient avec moi, c’est à moi à m’occuper de lui. C’est une affaire entendue et je dois me refuser à toute discussion sur ce point.

Et il agita ses mains blanches, comme pour dissiper toute opposition. Mes parents voulurent lui adresser quelques remerciements, mais il y coupa court.