Page:Doyle - Jim Harrison, Boxeur, trad Savine, 1910.djvu/32

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maussade semaine, et au bout de ce temps, il revint l’air plus sauvage et plus sale que son héros, tel qu’on le voit dans les livres à images.

Heureusement, il n’avait parlé que de tenir une semaine, car s’il s’était agi d’un mois, il serait mort de froid et de faim, avant que son orgueil lui permît de retourner à la maison.

L’orgueil ! C’était là le fond de la nature de Jim.

À mes yeux, c’était un attribut mixte, moitié vertu, moitié vice. Une vertu, en ce qu’il maintient un homme au-dessus de la fange, un vice, en ce qu’il lui rend le relèvement difficile quand il est une fois déchu.

Jim était orgueilleux jusque dans la moelle des os.

Vous vous rappelez la guinée que le jeune Lord lui avait jetée du haut de son siège. Deux jours après, quelqu’un la ramassa dans la boue au bord de la route.

Jim seul avait vu à quel endroit elle était tombée et il n’avait même pas daigné la montrer du doigt à un mendiant.

Il ne s’abaissait pas davantage à donner une explication en semblable circonstance. Il répondait à toutes les remontrances par une moue des lèvres et un éclair dans ses yeux noirs.

Même à l’école, il était tout pareil. Il se montrait si convaincu de sa dignité, qu’il imposait aux autres sa conviction.

Il pouvait dire, par exemple, et il le dit, qu’un angle droit était un angle qui avait le caractère droit, ou bien mettre Panama en Sicile. Mais le vieux Joshua Allen n’aurait pas plus songé à lever sa canne contre lui qu’à la laisser tomber sur moi si j’avais dit quelque chose de ce genre.

C’était ainsi. Bien que Jim ne fût le fils de personne, et que je fusse le fils d’un officier du roi, il me parut