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jim harrison, boxeur

monde. Il avait la figure pâle, de beaux traits, le menton saillant, le nez très aquilin, de grands yeux bleus au regard fixe, dans lesquels se voyait constamment un éclair de malice.

Il portait un habit d’un brun foncé dont le collet montait jusqu’à ses oreilles et dont les basques lui allaient jusqu’aux genoux.

Ses culottes noires et ses bas de soie finissaient par des souliers pointus bien petits et si bien vernis, qu’à chaque mouvement ils brillaient.

Son gilet était de velours noir, ouvert en haut de manière à montrer un devant de chemise brodé que surmontait une cravate, large, blanche, plate, qui l’obligeait à tenir sans cesse le cou tendu.

Il avait une allure dégagée, avec un pouce dans l’entournure et deux doigts de l’autre main dans une autre poche du gilet.

En l’examinant, j’eus un mouvement de fierté à penser que cet homme, aux manières si aisées et si dominatrices, était mon proche parent et je pus lire la même pensée dans l’expression des regards de ma mère, tandis qu’elle les tournait vers lui.

Pendant tout ce temps-là, Ambroise était resté près de la porte, immobile comme une statue, à costume sombre, à figure de bronze, tenant toujours sous le bras la caisse à monture d’argent. Il fit alors quelques pas dans la chambre.

— Vous conduirai-je à votre chambre à coucher, Sir Charles ? demanda-t-il.

— Ah ! excusez-moi, ma chère Mary, s’écria mon oncle, je suis assez vieille mode pour avoir des principes… ce qui est, je l’avoue, un anachronisme en ce siècle de laisser-aller. L’un d’eux est de ne jamais perdre de vue ma batterie de toilette, quand je suis en