Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/114

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Il était assis dans ce vaste fauteuil aux bras de bois qui occupe le coin de la cheminée, et il avait le chat noir sur ses genoux.

Il tenait les bras étendus, et d’une main à l’autre allait un écheveau de laine à tricoter dont ma mère faisait un peloton.

La cousine Edie était assise tout près et, en voyant ses yeux, je m’aperçus qu’elle avait pleuré.

— Eh bien, Edie, lui dis-je, qu’est-ce qui vous chagrine ?

— Ah ! Mademoiselle a le cœur tendre, comme toutes les vraies et honnêtes femmes, dit-il. Je n’aurais pas cru que la chose pût l’émouvoir à ce point. Autrement, je n’en aurais point parlé. Je contais les souffrances de quelques troupes qui avaient à traverser pendant l’hiver les montagnes de la Guadarama, et dont je sais quelque chose. Il est bien étrange de voir le vent emporter des hommes par-dessus le bord des précipices, mais le sol était bien glissant, et il n’y avait rien à quoi ils pussent se retenir. Les compagnies entrecroisèrent leurs bras, et cela alla mieux de cette façon, mais la main d’un artilleur resta dans la