Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/30

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mère en une seule personne, elles se mêlent sans cesse de nos jeux pour nous dire : « Jimmy, votre doigt de pied passe à travers votre soulier » ou bien encore : « Rentrez chez vous, sale enfant, et allez vous laver » au point que rien qu’à les voir, nous en avions assez.

Aussi quand celle-là vint à la ferme de West Inch, je ne fus pas enchanté de la voir.

Nous étions en vacances.

J’avais alors douze ans.

Elle en avait onze.

C’était une fillette mince, grande pour son âge, aux yeux noirs et aux façons les plus bizarres.

Elle était tout le temps à regarder fixement devant elle, les lèvres entr’ouvertes, comme si elle voyait quelque chose d’extraordinaire, mais quand je me postais derrière elle, et que je regardais dans la même direction, je n’apercevais que l’abreuvoir des moutons ou bien le tas de fumier, ou encore les culottes de papa suspendues avec le reste du linge à sécher.

Puis, si elle apercevait une touffe de bruyère ou de fougère, ou n’importe quel objet tout