Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/62

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— Je vous ferai voir si je plaisante.

Puis, je traversai la lande en courant, et j’arrivai ainsi à la cuisine, ou ma mère et mon père étaient assis de chaque côté de la cheminée.

— Mère, m’écriai-je, je pars me faire soldat.

Si je leur avais dit que je partais pour me faire cambrioleur, ils n’auraient pas été plus atterrés, car en ce temps-là, les campagnards méfiants et aisés estimaient que le troupeau du sergent se composait principalement des moutons noirs.

Mais, sur ma parole, ces bêtes noires ont rendu un fameux service à leur pays.

Ma mère porta ses mitaines à ses yeux, et mon père prit un air aussi sombre qu’un trou à tourbe.

— Non ! Jock, vous êtes fou, dit-il.

— Fou ou non, je pars.

— Alors vous n’aurez pas ma bénédiction.

— En ce cas je m’en passerai.

À ces mots ma mère jette un cri et me met ses bras autour du cou.

Je vis sa main calleuse, déformée, pleine