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Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/61

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où on en est quand on habite la campagne. On n’y voit jamais d’autres gens que ceux qui ne sont bons à rien faire de mieux.

Je ne sais si elle avait l’intention de me faire de la peine, bien qu’elle ne se fît jamais beaucoup prier pour cela, mais quelle que fût son intention, ses paroles me donnèrent la même sensation que si elles avaient traversé tout droit un nerf mis à nu.

— C’est très bien, cousine Edie, dis-je en m’efforçant de parler avec calme, voilà qui achève de me décider. J’irai ce soir m’enrôler à Berwick.

— Quoi ! Jack, vous voulez vous faire soldat ?

— Oui, si vous croyez que tout homme qui reste à la campagne est nécessairement un lâche.

— Oh ! Jack, comme vous seriez beau en habit rouge, comme vous avez meilleur air quand vous êtes en colère. Je voudrais voir toujours vos yeux étinceler ainsi. Comme cela vous va bien, comme cela vous donne l’air d’un homme ! Mais j’en suis sûre, c’est pour plaisanter, que vous parlez de vous faire soldat.