Page:Doyle - La Grande Ombre.djvu/73

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Et cela continua ainsi : elle le couvrait de toutes les vertus, arrangeait adroitement son langage de façon à l’encourager à entrer dans son rôle, et s’y prenait de la manière que je connaissais si bien.

Avant qu’il fût subjugué, je pus voir qu’il avait la tête toute bourdonnante de l’éclat de sa beauté et de ses propos engageants.

Je frissonnais d’orgueil à penser quelle haute idée il aurait de ma parenté.

— N’est-ce pas qu’elle est belle, Jim ? lui dis-je, sans pouvoir m’en empêcher, au moment où nous fûmes sur le seuil, et pendant qu’il allumait sa pipe pour retourner chez lui.

— Belle ! s’écria-t-il. Mais je n’ai jamais vu son égale.

— Nous devons nous marier, dis-je.

Sa pipe tomba de sa bouche et il me regarda fixement.

Puis il ramassa sa pipe et s’éloigna sans mot dire.

Je croyais qu’il reviendrait, mais je me trompais.

Je le suivis des yeux bien loin sur la lande. Il marchait la tête penchée sur la poitrine.