Page:Doyle - La bataille de Sedgemoor, trad. Savine, 1911.djvu/92

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rt content de revoir la ville, car mes pauvres charrettes ne font que geindre et grincer, au point que je suis las d'avoir l'oreille tendue à la rupture d'un timon. Maître Marot, nous vous sommes fort obligés.

-Est-ce votre district particulier? demandai-je, ou bien connaissez-vous avec la même exactitude toutes les régions du sud?

-Mon terrain, dit-il en allumant sa courte pipe noire, il va du Kent aux Cornouailles, mais jamais au Nord de la Tamise ou du Canal de Bristol. Dans ce district-là, il n'est pas une route qui ne me soit familière, pas une brèche dans une haie que je ne puisse retrouver au milieu de la nuit la plus noire.

C'est mon métier.

Mais les affaires ne sont plus ce qu'elles étaient.

Si j'avais un fils, je ne l'élèverais pas pour prendre ma suite.

Notre métier a été gâté par les gardiens armés qu'on met sur les coches et par ces maudits orfèvres qui ont ouvert leurs banques. Ils gardent les espèces dans leurs coffres-forts et vous remettent en échange des bouts de papier qui n'ont pas plus de valeur entre nos mains qu'un vieux journal.

Je vous en donne ma parole, il y a eu huit jours vendredi dernier, j'ai arrêté un marchand de bestiaux qui revenait de la foire de Blandford et je lui ai pris sept cents guinées en ces chèques de papier, comme on les