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DE SHERLOCK HOLMES

il vaut mieux que je ne fasse pas d’absence : Scotland Yard se sent très seul quand je m’en vais, et il règne une agitation malsaine dans le monde du crime. Partez donc, mon cher Watson ; et si vous jugez que mon humble conseil ne soit pas payé trop cher au prix de quatre sous le mot, sachez que, de nuit et de jour, il n’attend que votre appel au bout du fil télégraphique.

Deux jours plus tard, je débarquais à l’Hôtel National de Lausanne, où je recevais l’accueil le plus empressé de M. Moser, qui en est le directeur bien connu. J’appris de lui que lady Frances avait fait dans son établissement un séjour de plusieurs semaines, gagnant le cœur de tous ceux qui l’approchaient. Elle ne dépassait pas la quarantaine, et gardait assez de beauté pour qu’il fût visible à mille signes qu’elle avait dû être adorable dans sa jeunesse. M. Moser n’avait pas entendu dire qu’elle eût en sa possession des bijoux de prix, mais les domestiques avaient remarqué que la lourde malle déposée dans sa chambre restait toujours rigoureusement fermée à clef. Sa femme de chambre, Marie Devine, partageait avec elle la sympathie générale. Elle s’était fiancée à l’un des principaux garçons de l’hôtel, en sorte que je n’eus pas de peine à obtenir son adresse : 11, rue Trajan, à Montpellier. Je notai avec soin tous les renseignements que je pus réunir ; Holmes lui-même, à ce qu’il me semblait, n’eût pas mené son enquête avec plus d’adresse.

Un seul point restait dans l’ombre, et rien de ce que je savais encore ne m’aidait à l’éclaircir. Pourquoi lady Frances avait-elle si brusquement quitté Lausanne ? Elle s’y plaisait, on avait tout lieu de la croire fixée pour la saison dans le somptueux appartement qu’elle occupait en face du lac. Cependant, son