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DE SHERLOCK HOLMES

— Rajeuni de vingt ans, Holmes. Je ne me suis jamais senti si heureux qu’en recevant le télégramme où vous me demandiez de venir vous prendre à Harwich avec l’auto. Vous non plus vous n’avez guère changé. N’était cette horrible barbiche…

— Il y a des sacrifices qu’on fait pour son pays, Watson, dit Holmes, en caressant la petite touffe de poils. Demain, il ne restera plus de ceci qu’un affreux souvenir. Mes cheveux coupés, il suffira de quelques transformations superficielles pour que je reparaisse au Claridge tel que j’étais lorsqu’on vint me chercher pour cette affaire d’Amérique.

— Mais vous aviez pris votre retraite, Holmes. On vous disait menant une vie d’ermite, au milieu de vos abeilles et de vos bruyères, dans une petite ferme des Dunes méridionales.

— On ne se trompait pas. Voici le fruit de mes loisirs, le magnun opus de mes dernières années.

Il prit le volume sur la table et il en lut tout haut le titre : Traité pratique de l’élevage des abeilles, avec quelques observations sur le choix de la reine.

— Vous voyez ce qu’ont produit les méditations de mes nuits et le labeur de mes jours, quand je surveillais l’activité de mon petit peuple comme naguère celle des criminels de Londres.

— Mais d’où vient que vos ayez repris du service ?

— Je me le suis demandé bien des fois. Le ministre des Affaires étrangères eût été seul à m’en prier que j’aurais pu tenir tête. Mais quand le premier ministre en personne daigna visiter mon humble toit… Le fait est, Watson, que le personnage étendu sur le divan réclamait une autre attention que celle de notre police ordinaire. C’était un monsieur hors classe. Il se passait des choses graves, qu’on ne s’expliquait point. On se