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DE SHERLOCK HOLMES

ment leur identité et que leurs ennemis auraient ensuite beau jeu. La mort de Garcia pouvait épouvanter les autres conjurés et couper court à toute nouvelle tentative.

« Après cela, il ne restait que moi pour inquiéter le meurtrier et son complice, car je savais ce qu’ils avaient fait : nul doute que ma vie n’ait été un moment en balance. On me séquestra dans ma chambre, on me terrorisa par d’horribles menaces, il n’y a pas de mauvais traitements qu’on ne m’ait fait subir pour m’enlever ce que je pouvais garder de courage : voyez cette marque de poignard sur mon épaule, ces meurtrissures qui me couvrent les bras. On me remit un bâillon la première et unique fois où je voulus crier par la fenêtre. On me garda ainsi emprisonnée durant cinq jours. À peine me donnait-on assez de nourriture pour m’empêcher de mourir. Cet après-midi, on me servit un bon déjeuner, mais je ne tardai pas à me rendre compte qu’on y avait mêlé une drogue. Je me rappelle comme dans un rêve que, moitié me portant, moitié me soulevant, on me mit en voiture ; que, toujours dans le même état, on me conduisit jusqu’au train. Là seulement, à la minute du départ, je sentis que ma liberté dépendait de moi. Je m’élançai au dehors. On essaya de me retenir. Sans le secours du brave homme qui m’entraîna vers le cab, jamais je n’aurais pu fuir. Enfin, grâce à Dieu, me voilà hors d’atteinte.

Tous nous avions écouté de nos deux oreilles cette émouvante déclaration. Il se fit un silence, que rompit Holmes.

« Nous ne sommes pas au bout de nos difficultés, dit-il en hochant la tête. Notre œuvre de police est finie, notre œuvre légale commence.

— En effet, dis-je. Le plus médiocre légiste ferait