Page:Doyle - Le Ciel empoisonné.djvu/100

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la rampe de l’escalier ; et dans cet instant même, Challenger, fonçant et soufflant comme un buffle blessé, passa devant moi, terrible, cramoisi, les yeux congestionnés, les cheveux en désordre. Sur sa large épaule pendait le corps, apparemment inanimé, de sa femme ; et il montait, l’escalier, butant avec un bruit de tonnerre contre les marches, titubant, s’aidant des pieds et des mains, trouvant dans sa volonté assez de force pour se porter, en la portant, jusqu’au havre du salut temporaire. Encouragé par son effort, je m’élançai moi aussi dans l’escalier, et, grimpant avec mille peines, tombant, me raccrochant à la rampe, j’atteignis enfin le palier du haut, où, presque pâmé, je m’abattis, la face contre terre. Mais aussitôt, les doigts d’acier de lord John m’agrippèrent par le col de ma veste ; et la minute d’après je me trouvais allongé, incapable de parler ou de faire un geste, sur le tapis du