Page:Doyle - Le Ciel empoisonné.djvu/101

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boudoir. Près de moi gisait Mrs. Challenger. Summerlee était en deux plis sur une chaise, près de la fenêtre, et peu s’en fallait que sa tête ne touchât ses jambes. Comme dans un rêve, je vis Challenger, tel un monstrueux scarabée, ramper lentement sur le parquet : bientôt j’entendis le petit sifflement de l’oxygène en fuite ; il en aspira deux ou trois énormes bouffées ; et ses poumons, dilatés par le gaz vital, ronflèrent.

« J’avais raison, ça opère ! » cria-t-il.

Un transport de joie l’avait remis sur pied, alerte, énergique. Prenant un tube dans sa main, il courut à sa femme et le lui approcha du visage. Au bout de quelques instants, elle gémit, bougea, se redressa. Alors, il se tourna vers moi, et je sentis la chaleur de la vie refluer dans mes artères. En vain la raison me représentait que je n’y gagnais qu’un faible répit ; chaque heure de l’existence, si négligemment qu’il nous plût d’en