Page:Doyle - Les Aventures de Sherlock Holmes.djvu/115

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son beau visage intelligent, éclairé en plein par la lumière de la lampe, révélait une frayeur intense qu’elle me communiqua. Elle me fit signe d’un doigt tremblant de ne pas faire de bruit, puis elle me glissa à l’oreille quelques mots de mauvais anglais, tournant sans cesse les yeux vers la porte ouverte derrière elle, comme une bête traquée.

« — À votre place, je m’en irais, dit-elle, en essayant d’assurer sa voix ; je ne resterais sûrement pas ici, vous n’êtes pas fait pour la besogne qui vous attend.

« — Mais, madame, dis-je, je n’ai pas encore accompli ma tâche. Je ne puis pas m’en aller sans avoir vu la machine.

« — Croyez-moi, poursuivit-elle n’attendez pas. Vous pouvez passer par ici ; il n’y a personne. »

Et alors, voyant que je souriais en secouant la tête, elle perdit toute réserve et fit un pas en avant, en se tordant les mains.

« — Pour l’amour du Ciel, murmura-t-elle, allez-vous-en, avant qu’il ne soit trop tard ! »

Je suis malheureusement têtu par nature et d’autant plus disposé à m’aventurer dans une affaire que j’y rencontre plus d’obstacles. Je pensai à mes cinquante guinées, au voyage ennuyeux que je venais de faire, à la nuit désagréable qui m’attendait probablement. J’aurais donc fait tout cela pour rien ? Pourquoi me sauverais-je,