Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/103

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noter tous ces détails. Il se sentait simplement en présence d’une très belle femme dont les grands yeux pensifs étaient fixés sur lui, lisant ses pensées, comme personne ne les avait encore lues.

— Je pense que je vous ai déjà vu, monsieur, n’est-ce pas ?

— Oui, madame. J’ai eu l’honneur de vous accompagner une fois ou deux, bien que je n’aie pas eu la bonne fortune de vous adresser la parole.

— Ma vie est si calme et si retirée que je crains bien que ce qu’il y a de meilleur et de plus digne à la cour ne me soit inconnu. C’est le malheur d’un tel lieu, que le mal se présente de lui-même aux yeux et qu’on ne puisse l’ignorer, tandis que le bien se cache dans sa modestie, de sorte que parfois on ose à peine espérer l’y rencontrer. Vous avez déjà servi ?

— Oui, madame. Dans les Pays-Bas, sur le Rhin, et au Canada.

— Au Canada ! Ah ! quelle ambition plus noble pourrait avoir une femme que de faire partie de cette douce congrégation de sœurs fondée par la bienheureuse Marie de l’Incarnation, et la sainte Jeanne Le Ber à Montréal ? Quel bonheur d’être une de ces saintes femmes qui n’interrompent leur œuvre bénie de la conversion des païens que pour se consacrer au devoir plus précieux encore de rendre la santé et la force à ces cham-