Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/113

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dont personne mieux que moi ne connaît la grandeur et la noblesse.

— Et mon amour est-il donc si vil ?

— Vous avez gaspillé trop de votre vie et de vos pensées en passion. Et maintenant, Sire, les années s’accumulent, et le jour s’approche où vous serez appelé à rendre compte de vos actions et des pensées les plus intimes de votre cœur. Je voudrais vous voir consacrer le temps qui vous reste, Sire, à consolider l’Église, à montrer un noble exemple à vos sujets et à réparer le mal qu’a pu occasionner votre exemple dans le passé.

Le roi se laissa retomber dans son fauteuil en poussant un soupir.

— Toujours la même, dit-il. Vous êtes pire que le Père La Chaise et Bossuet.

— Non, non, dit-elle gaîment, avec ce tact qui ne lui faisait jamais défaut. Je vous ennuie quand vous vous abaissez à honorer de votre présence mon humble chambre. C’est de l’ingratitude et ce serait une punition méritée si vous me laissiez demain dans ma solitude, m’enlevant ainsi la lumière de mon jour. Mais dites-moi, Sire, comment vont les travaux à Marly ? Je suis anxieuse de savoir si la grande fontaine fonctionnera.

— Oui, la fontaine joue bien, mais Mansard a reculé l’aile droite beaucoup trop loin. J’ai fait de lui un bon architecte, mais j’ai encore beaucoup à lui apprendre. Je lui ai montré son erreur sur le plan ce matin, et il m’a promis de la réparer.