Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/114

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— Et que coûtera le changement, Sire ?

— Quelques millions de livres, mais la vue y gagnera beaucoup du côté sud. J’ai pris de ce côté quelques nouveaux arpents de terres, car il y avait là un tas de pauvres gens habitant dans des masures qui étaient loin d’être jolies.

— Et vous n’êtes pas monté à cheval aujourd’hui, Sire ?

— Peuh ! je n’y prends pas de plaisir. Il fut un temps où mon sang bouillonnait à l’appel du cor ou au bruit des sabots d’un cheval, mais maintenant cela me fatigue.

— Et la chasse au faucon ?

— Non, je ne chasserai plus au faucon.

— Mais, Sire, il vous faut de la distraction.

— Qu’y a-t-il d’aussi insipide qu’une distraction qui a cessé de vous distraire ? Je ne sais comment cela se fait. Quand je n’étais qu’un enfant, et que nous étions chassés d’une ville dans une autre, avec la Fronde en guerre avec nous et Paris en révolte, que notre trône et nous-mêmes étions en danger, la vie me semblait si brillante, si neuve, si pleine d’intérêt ! Maintenant que tout est calme, que ma voix est la première en France, celle de la France la première en Europe, tout est triste, morne, ennuyeux. À quoi me sert-il d’avoir tous les plaisirs devant moi, quand ils me laissent un goût amer ?

— Le vrai plaisir est plutôt en nous-mêmes, dans la sérénité de l’âme, dans la tranquillité de la conscience. Et puis, lorsque nous vieillissons,