moindres — Scarron si mordant et si spirituel. — Oh ! sainte Vierge, qu’ai-je dit ?
Mme de Maintenon avait reposé sa tapisserie et fixait un regard d’indignation sur le poète qui se tortillait au bord de sa chaise, sous le reproche de ces yeux gris.
— Je pense, monsieur Corneille, que vous feriez mieux de commencer votre lecture, dit le roi sèchement.
— Oui, Sire. Lirai-je ma pièce sur Darius ?
— Qu’est-ce que c’est que ce Darius ? demanda le roi, dont l’éducation avait été si négligée par la politique pleine de ruse du cardinal Mazarin qu’il était ignorant de tout ce qu’il n’avait pas lui-même observé personnellement.
— Darius était roi de Perse, Sire.
— Et où est la Perse ?
— C’est un royaume d’Asie.
— Et Darius y règne encore ?
— Non, Sire, il combattit contre Alexandre le Grand.
— Ah ! j’ai entendu parler d’Alexandre, un fameux roi, et un grand général, n’est-ce pas ?
— Comme Votre Majesté, il régnait sagement et il conduisait victorieusement ses armées.
— Et il était roi de Perse, dites-vous ?
— Non, Sire, de Macédoine. C’était Darius qui était roi de Perse.
Le roi fronça les sourcils, car il s’offensait de la moindre contradiction.
— Vous ne me semblez pas connaître très bien