Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/118

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le sujet, et j’avoue qu’il ne m’intéresse pas beaucoup, dit-il. Choisissez autre chose.

— Vous plairait-il d’entendre mon Faux Astrologue ?

— Oui, c’est cela.

Corneille commença la lecture de sa comédie pendant que les doigts blancs et délicats de Mme de Maintenon couraient sur sa tapisserie. De temps en temps elle levait la tête pour regarder d’abord la pendule, puis le roi qui était étendu dans son fauteuil, avec son mouchoir de dentelle jeté sur son visage. Il était maintenant quatre heures moins vingt, mais elle savait qu’elle avait retardé la pendule d’une demi-heure et qu’il était en réalité quatre heures dix.

— Tul, tul, tul, s’écria le roi tout à coup. Il y a quelque chose qui ne va pas bien ici. Le second vers est boiteux sûrement.

C’était un de ses faibles de se poser en critique, et le poète prudent devait accepter ses corrections, quelque absurdes qu’elles lui parussent.

— Quel vers, Sire ? C’est un bonheur de trouver quelqu’un capable de vous indiquer vos fautes.

— Relisez le passage.

— Et si, quand je lui dis le secret de mon âme,
Avec moins de rigueur elle eût traité ma flamme,
Dans ma façon de vivre, et suivant mon humeur,
Une autre eût eu bientôt le présent de mon cœur.

— Oui, le troisième vers a un pied de trop. Vous ne l’avez pas remarqué, madame ?