Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/134

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larmes, avec sur son beau visage une expression d’humilité capable d’attendrir le cœur le plus dur.

— Ah ! Sire, s’écria-t-elle, avec un charmant transport de joie à travers ses larmes, je vous ai méconnu, je vous ai cruellement méconnu. Vous avez tenu votre promesse ! Vous vouliez seulement mettre mon amour à l’épreuve ! Oh ! comment ai-je pu vous dire de telles paroles, comment ai-je pu causer de la peine à ce noble cœur ? Mais vous venez me dire que vous me pardonnez, n’est-ce pas, Sire ?

Elle avança ses bras de l’air confiant d’un enfant qui réclame les embrassements de sa mère comme son dû, mais le roi se recula vivement, et la repoussa d’un geste plein de colère.

— Tout est fini entre nous, dit-il durement. Votre frère vous attendra à la grille à six heures, et vous y recevrez mes ordres.

Elle chancela comme s’il l’eût frappée.

— Vous quitter ! s’écria-t-elle.

— Il faut que vous quittiez la cour.

— La cour ! Ah ! de grand cœur, à l’instant même. Mais vous ! Ah ! Sire, ce que vous demandez est impossible !

— Je ne demande pas, j’ordonne. Puisque vous avez appris à abuser de votre situation, votre présence à la cour est devenue intolérable. Les rois d’Europe réunis n’ont jamais osé me parler comme vous m’avez parlé aujourd’hui. Vous m’avez insulté dans mon propre palais,