Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/141

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son homme lorsqu’elle avait lancé astucieusement cette insinuation.

Et la cour suivit l’exemple du roi, elle redevint plus gaie. Les salons commencèrent à reprendre leur ancienne splendeur. On revit dans les galeries du palais les gais habits et les fines broderies qui avaient été relégués au fond des garde-robes et des tiroirs. Dans la chapelle, Bourdaloue prêchait devant les bancs vides, mais un ballet donné dans le parc fut accueilli avec enthousiasme et la cour tout entière y assista. L’antichambre de la Montespan fut encombrée chaque matin d’une foule d’hommes et de femmes en quête de quelque faveur, tandis que l’appartement de sa rivale fut absolument déserté.

Mais le parti de l’Église, les champions de la bigoterie, et aussi de la vertu, ne s’alarmèrent pas outre mesure de cette rechute. Les yeux des prêtres et des prélats suivirent Louis dans son escapade comme des chasseurs pourraient suivre dans la prairie les gambades d’un jeune cerf qui se croit libre quand chaque sentier et chaque haie sont barrés par un grillage et qu’il est aussi sûrement entre leurs mains que s’il était étendu devant eux, les membres liés. Ils savaient qu’à bref délai une infirmité, un chagrin, un mot entendu par hasard, le ramèneraient au sentiment de sa mortalité, et l’envelopperaient à nouveau de ces terreurs superstitieuses qui, dans son esprit, prenaient la place de la religion. Ils attendirent donc, et préparèrent en silence leurs