Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/144

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n’aimeriez-vous pas à entraîner le roi dans le sentier du bien ?

— Je donnerais ma vie pour cela.

— La voilà, votre ambition. Votre plus grand désir serait de voir l’Église régner pure et sereine sur le royaume, de voir les pauvres secourus, les méchants détournés de leurs voies, et le roi donner l’exemple de tout ce qui est beau et bon.

Les joues de Mme  de Maintenon se colorèrent et ses yeux brillèrent en regardant la face jaunie du jésuite, et en se figurant le tableau que ses paroles avaient évoqué.

— Oh ! ce serait une grande joie, en vérité, dit-elle.

— Ma fille, dit Bossuet solennellement, sa large main blanche étendue et son anneau pastoral scintillant sous la lumière du soleil, le moment est venu de parler ouvertement. L’intérêt de l’Église le commande. Personne ne doit entendre ce qui se dira entre nous aujourd’hui. Regardez-nous, si vous le voulez bien, comme deux confesseurs pour lesquels votre secret est inviolable. Je dis un secret, et cependant ce n’en est pas un pour nous, car c’est notre mission de lire dans le cœur humain. Vous aimez le roi.

— Monseigneur !

Elle tressaillit, et un chaud afflux de sang enveloppa son front et ses joues pâles.

— Vous aimez le roi ?

— Monseigneur ! mon père ! dit-elle d’une voix implorante, et en détournant son visage.