Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/148

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sure qui, si on ne l’enlève, gâtera avec le temps le fruit tout entier.

— Que désirez-vous donc, mon père ?

— Les huguenots doivent quitter le pays. Il faut qu’ils soient chassés. Il est nécessaire que les boucs soient séparés des brebis. Le roi hésite, mais Louvois est de notre côté maintenant. Si vous êtes avec nous, alors tout ira bien.

— Mais, mon père, réfléchissez à leur nombre.

— Raison de plus pour s’en débarrasser.

— Pensez aussi à leurs souffrances s’ils sont chassés.

— Le remède est entre leurs mains.

— C’est vrai et pourtant je ne puis m’empêcher de les plaindre.

— Vous auriez de la pitié pour les ennemis de Dieu ?

— Non, non, s’ils sont vraiment ses ennemis.

— En doutez-vous ? Est-il possible que votre cœur ait conservé une seule étincelle d’affection pour l’hérésie de votre jeunesse ?

— Non, mon père, mais puis-je oublier que mon père et mon grand-père…

— Ils ont répondu pour leurs propres péchés. Mais se pourrait-il que l’Église se fût trompée sur votre compte ? Refusez-vous donc de lui accorder la première faveur qu’elle vous demande ? Vous voudriez bien accepter son aide, et cependant vous lui refusez la vôtre !

Mme  de Maintenon se leva de l’air de quelqu’un qui a pris une résolution.