Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/150

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projets n’étaient-ils pas un rêve fait en pleine veille ? Et comment ces gens pouvaient-ils être sûrs qu’ils tenaient le roi dans le creux de leurs mains ? Le Jésuite lut les craintes qui voilaient l’éclat de ses yeux, et répondit à ses pensées avant qu’elle eût le temps de les formuler.

— L’Église tient sa parole, dit-il. Et vous, ma fille, vous devez être prête à tenir la vôtre quand l’heure viendra.

— J’ai promis, mon père.

— Alors il faut vous mettre à l’œuvre. Vous resterez dans votre appartement toute la soirée.

— Oui, mon père.

— Le roi hésite déjà. Il se détourne avec dégoût de ses péchés, et c’est maintenant que le premier souffle du repentir est encore chaud que nous pouvons le mieux le pétrir pour l’amener à nos fins. Je dois le voir, je sors de votre chambre pour me rendre dans la sienne. Et quand je lui aurai parlé il viendra ici, ou bien c’est en vain que j’ai étudié son cœur depuis vingt ans. Nous vous quittons maintenant, mais vous verrez les effets de nos soins et vous vous souviendrez de votre promesse.

Ils s’inclinèrent profondément, et sortirent tous les deux, la laissant seule à ses pensées.

Une heure se passa, puis une seconde, pendant qu’assise dans son fauteuil, sa tapisserie devant elle, mais les mains inoccupées, elle attendait. Son sort était fixé maintenant et elle était impuissante à y changer quoi que ce fût. Graduellement