Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/151

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la lumière du jour avait fait place au crépuscule et celui-ci à la nuit, et elle restait toujours assise dans l’obscurité. Parfois un pas résonnait dans le corridor, elle jetait un regard vers la porte, et ses yeux gris s’allumaient d’une lueur qui s’éteignait désappointée. Soudain, un pas rapide, ferme et autoritaire, la fit se lever, les joues rouges et le cœur en émoi. La porte s’ouvrit, c’était le roi.

— Sire !… Un instant, Mlle Nanon va allumer.

— Ne l’appelez pas, dit-il en entrant et refermant la porte derrière lui. Je préfère l’obscurité, Françoise, elle m’empêche de voir les reproches que doivent contenir vos yeux, quand même votre langue serait assez bonne pour ne pas les faire.

— Des reproches, Sire ! À Dieu ne plaise que je vous en adresse.

— La dernière fois que je vous ai quittée, Françoise, c’était avec de bonnes résolutions. J’ai essayé de les mettre à exécution, je n’ai pas pu, je n’ai pas pu. Je me rappelle que vous m’aviez averti. Sot que j’ai été de ne pas suivre votre conseil.

— Nous sommes tous faibles et mortels, Sire. Qui n’a pas failli ? Oh ! Sire, mon cœur souffre de vous voir ainsi.

Il restait debout près de la cheminée, le visage caché dans les mains, et à sa respiration elle comprit qu’il pleurait. Toute la pitié contenue dans sa nature de femme alla vers l’homme silencieux et repentant, dont la silhouette se distinguait vaguement dans la demi-obscurité de la pièce. Elle