Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/180

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

— C’est très bien, Françoise, mais quand nous nous serons emparés d’eux, qu’en ferons-nous ? Nous risquons notre tête dans cette affaire. Après tout, ce sont les messagers du roi, et nous ne pouvons guère leur passer nos épées au travers du corps. Le plus sage, le plus que nous puissions faire, c’est de les garder en lieu sûr.

— Mais où ?

— J’ai une idée ! Il y a le château du marquis de Montespan à Portillac.

— De mon mari ? Mon plus mortel ennemi ! Oh ! Charles, vous ne parlez pas sérieusement ?

— Au contraire, je n’ai jamais été plus sérieux. Le marquis était à Paris hier, et n’est pas encore rentré. Avez-vous la bague portant ses armes ?

Elle chercha parmi ses bijoux et prit une bague ornée d’un gros chaton gravé.

— Cette clef nous ouvrira la porte. Quand le brave Marceau, l’intendant, la verra, tous les donjons du château seront à notre disposition. Du reste, nous n’avons pas le choix. Il n’y a pas d’autre lieu où nous puissions les garder en sûreté.

— Et quand mon mari reviendra ?

— Il sera peut-être embarrassé de ses prisonniers, et le complaisant Marceau pourra bien passer un mauvais quart d’heure. Mais tout cela ne durera pas une semaine, et j’ai assez de confiance en vous, ma petite sœur, pour penser qu’il ne vous faudra pas ce temps pour terminer la campagne. Pas un mot de plus, chaque minute