Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/195

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habitué aux ruses de la guerre, aller se jeter ainsi dans un piège aussi grossier ! Le roi l’avait choisi entre beaucoup d’autres pour lui confier une mission, et il n’avait pas su s’en acquitter, il s’était laissé prendre sans même dégainer, sans tirer un coup de pistolet. Et il avait été prévenu encore, prévenu par un jeune homme qui ne connaissait rien de la cour et qui n’avait été guidé que par son instinct naturel.

Mais à cette crise de désespoir succéda un retour de cet esprit de réflexion qui s’allie de si près à l’impétuosité du Français. À quoi bon se lamenter sur ce qui était fait ? Il ferait mieux d’aviser aux moyens d’y remédier. Amos Green s’était échappé : c’était un atout dans son jeu : il connaissait l’objet de la mission et son importance. À la vérité, il ne connaissait pas Paris, mais un homme capable de trouver son chemin la nuit à travers les forêts du Maine ne serait pas embarrassé pour trouver une maison aussi connue que celle de l’archevêque de Paris. Mais une pensée soudaine traversa l’esprit de Catinat et renouvela ses appréhensions. Les portes de la ville fermaient à huit heures du soir, et il était maintenant près de neuf heures. Il lui eût été facile, à lui, dont l’uniforme était un passeport, de se faire ouvrir et de passer. Mais comment ferait Amos Green, un étranger et un bourgeois ? Et pourtant, malgré l’impossibilité qu’il entrevoyait, il se raccrochait au vague espoir qu’un homme d’énergie et de ressources comme son