Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/198

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bras ; la lourde voiture bondissait et retombait avec des craquements sinistres, tandis que le prisonnier secoué entre les deux banquettes, voyait tantôt à une portière, tantôt à l’autre les peupliers dansant sur le bord du chemin, et devant lui le cocher infernal brandissant furieusement son fouet de sa main ensanglantée et hurlant après ses bêtes affolées. Cependant les cavaliers de l’arrière-garde serraient la voiture de près, et le galop de leurs chevaux se faisait de plus en plus distinct ; tout à coup Catinat aperçut à la portière la tête d’un cheval, puis sa crinière, et à quelques pouces de celles-ci, la tête farouche de Despard, et le scintillement d’un canon de pistolet.

— Au cheval, Despard ! au cheval, cria une voix autoritaire.

Le coup partit, un des chevaux fit un bond convulsif et la voiture se souleva d’un côté. Mais le cocher hurlait et fouettait ses bêtes plus violemment que jamais, pendant que la voiture continuait de descendre avec des bonds terrifiants.

La route faisait maintenant un coude brusque et là, droit devant eux, à moins de cent pas, la Seine coulait froide et tranquille sous la lumière de la lune.

Le cocher n’eut pas une seconde d’hésitation et lança ses bêtes effrayées dans le fleuve.

Les chevaux se cabrèrent quand ils sentirent le froid de l’eau sur leurs jambes, et l’un d’eux s’abattit. La balle de Despard avait porté. Rapide comme l’éclair, le cocher sauta de son siège dans