Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/206

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de force par un passage dallé derrière un petit homme portant un trousseau de clefs dans une main et une lanterne dans l’autre. On leur avait entravé de nouveau les pieds de sorte qu’ils ne pouvaient avancer qu’à tout petits pas. Ils traversèrent trois corridors avec trois portes que l’on refermait avec soin derrière eux. Puis ils montèrent un escalier de pierre dont les marches étaient usées au centre par les pieds de générations de prisonniers et de geôliers. Finalement on les poussa dans une petite cellule carrée, où furent jetées après eux deux bottes de paille. Un instant après une lourde clef tourna dans la serrure, et ils furent laissés à leurs méditations.

Et elles n’étaient pas gaies pour Catinat, ces méditations. Un coup de la fortune avait fait sa situation à la cour, et maintenant un autre coup la ruinait. Il aurait beau donner des raisons et expliquer son insuccès. Il connaissait bien son royal maître. Très généreux quand ses ordres étaient obéis, il était inexorable quand ils étaient mal remplis. Il ne supportait pas plus un homme malheureux qu’un homme négligent. Catinat se sentit un profond découragement au cœur en pensant à sa carrière brisée. Et puis il y avait sa famille à Paris, sa douce Adèle, son vieil oncle qui avait été comme un père pour lui. Qui les protégerait dans leurs ennuis, maintenant qu’il avait perdu le crédit qui aurait pu les mettre à l’abri des persécutions ? Il serra les poings à cette pensée et se jeta sur le lit de paille à peine