Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/22

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Nous sommes en retard de trois minutes. Allez, monsieur, et vous, Bontemps, donnez le signal du grand lever.

Évidemment, le roi n’était pas de très bonne humeur ce matin. Il jetait de petits regards interrogateurs à son frère et à ses fils, mais il lui était impossible de donner cours à sa colère et de lancer ses sarcasmes, empêché qu’il en était par le travail de M. de Saint-Quentin. Celui-ci, avec la nonchalance que donne une longue habitude, couvrait de savon le menton royal, passait rapidement le rasoir et essuyait ensuite le visage du roi à l’aide d’une petite éponge imbibée d’esprit de vin.

Quand l’opération fut terminée, un gentilhomme mit au roi son haut-de-chausses de velours noir qu’un second aida à arranger, tandis qu’un troisième lui retirait sa robe de chambre et lui tendait sa chemise, préalablement chauffée devant le feu. Les souliers à boucles de diamants, son gilet de velours rouge lui furent passés successivement par les nobles courtisans spécialement désignés pour ce privilège dont chacun se montrait extrêmement jaloux. Par-dessus le gilet, ils placèrent le cordon bleu auquel pendait la croix en diamants du Saint-Esprit et celle de Saint-Louis, retenue par un ruban rouge. Ils lui passèrent ensuite l’habit, puis ils lui mirent autour du cou une cravate de riche dentelle, deux mouchoirs brodés en point d’Angleterre furent apportés sur un plateau d’émail et placés par deux gentilshommes