Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/223

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autres valets vêtus de livrées marron fermaient la marche de ce singulier cortège.

La femme défaillit au pied de l’échafaud, mais l’homme qui était auprès d’elle la releva avec une poussée si brusque qu’elle buta contre la dernière marche, et elle serait tombée si elle ne s’était retenue au bras du prêtre. Arrivée sur la plate-forme, ses yeux rencontrèrent le terrible billot, elle poussa un cri et se rejeta en arrière. Mais de nouveau l’homme la poussa, et deux des suivants la saisirent chacun par un poignet et la traînèrent en avant.

— Oh ! Maurice, Maurice, criait-elle. Je ne suis pas prête à mourir. Oh ! pardonnez-moi, Maurice ; si vous espérez être pardonné vous-même, Maurice ! Maurice !

Elle se débattait pour saisir sa main, sa manche, mais il restait debout, la main sur la poignée de son épée, les yeux fixés sur elle avec une expression de dureté où se mêlaient des éclairs de joie. Elle détourna la tête et rejeta le châle qui cachait son visage.

— Ah ! Sire, s’écria-t-elle, Sire, si vous pouviez me voir, maintenant !

À ce cri, et à la vue de cette belle figure pâle, Catinat, qui avait suivi toute la scène, se sentit frappé comme par la foudre ; en effet cette femme qui se tenait là, à côté de ce billot, c’était celle qui avait été la plus puissante, la plus spirituelle, la plus belle des femmes de France, Françoise de Montespan, hier encore la favorite du roi.