Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/227

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vardage de l’habilleuse. Ses yeux étaient fixés sur la statue, et ses lèvres murmuraient une prière suppliant Dieu de la rendre digne des hautes destinées auxquelles il l’avait appelée si soudainement. Un coup frappé à la porte vint interrompre sa prière.

— C’est Bontemps, madame, dit Mlle  Nanon. Il dit que le roi est prêt.

— Alors nous ne le ferons pas attendre. Venez, mademoiselle, et que Dieu bénisse l’acte que nous allons accomplir.

Le petit groupe s’assembla dans l’antichambre du roi, et se rendit de là à la chapelle particulière. Devant marchait le majestueux évêque tout gonflé de l’importance de sa fonction, les doigts entre les pages de son missel à la rubrique de matrimoniis. Près de lui se tenaient son aumônier et deux petits serviteurs de la cour en soutanes rouges et en surplis, portant des torches illuminées. Le roi et Mme  de Maintenon marchaient l’un près de l’autre, elle calme et réservée, les yeux baissés, lui les joues un peu empourprées, le regard nerveux et furtif, comme un homme qui a conscience qu’il traverse une des grandes crises de sa vie. Derrière eux, dans un silence solennel, suivait un petit cortège de témoins choisis, le maigre et silencieux Père La Chaise, Louvois, dont le regard haineux et narquois ne quittait pas la mariée, le marquis de Charmarante, Bontemps et Mlle  Nanon.

Comme ils avançaient lentement à travers les