Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/234

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lequel j’ai tout sacrifié, ce sera un étrange souvenir, vous pouvez en être sûr ?

Le roi avait vu l’éclair de colère qu’avaient lancé ses yeux, et cependant il s’efforça de se contenir. Après une altercation pareille entre l’homme le plus orgueilleux et la femme la plus hautaine de France, il était nécessaire que l’un ou l’autre cédât.

Il sentit que c’était à lui de le faire, et il le fit malgré ce qu’il en coûtait à sa nature impérieuse.

— Il n’y a rien à gagner, madame, dit-il, avec des paroles qui ne conviennent ni à vos lèvres ni à mes oreilles. Vous me rendrez cette justice de reconnaître qu’en ce moment je prie lorsque je pourrais commander, et qu’au lieu de vous donner un ordre comme à un sujet, j’essaye de vous convaincre comme une amie.

— Vous êtes vraiment trop bon, Sire ! Nos relations qui datent de vingt ans et plus suffisent à peine à expliquer une telle condescendance de votre part. Je vous dois en vérité de la reconnaissance de ce que vous avez bien voulu ne pas lancer sur moi les archers de votre garde, et ne pas me faire sortir de ce palais entre deux files de vos mousquetaires ! Comment pourrai-je vous remercier de cette attention, Sire ?

Elle fit une profonde révérence qu’elle accompagna d’un sourire, sardonique.

— Françoise, soyez raisonnable, je vous en supplie. Nous avons laissé la jeunesse derrière nous l’un et l’autre.