Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/237

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en grâce que vous les conserviez comme un faible gage de mes sentiments.

Il avait espéré lui faire plaisir et la calmer, mais il n’avait pas fini de parler qu’elle avait ouvert son armoire secrète et qu’elle jetait des poignées de pierres précieuses à ses pieds. Les petites boules crépitaient et roulaient avec des éclairs rouges, verts, jaunes, sur le parquet et rebondissaient avec des lueurs d’arc-en-ciel contre les panneaux de chêne des murs.

— Ce sera pour la gouvernante si l’archevêque vient, à la fin, cria-t-elle.

Il fut plus convaincu que jamais qu’elle avait perdu la raison. Et, voulant tenter un moyen suprême, il ouvrit à demi la porte et donna un ordre à voix basse. Un instant après, un jeune garçon avec de longs cheveux dorés ruisselant sur son pourpoint de velours noir entra dans la pièce. C’était son plus jeune fils, le comte de Toulouse.

— J’ai pensé que vous désireriez lui dire adieu, madame, dit le roi.

Elle resta le regard hébété, comme si elle eût cherché à deviner. Et soudain elle comprit que ses enfants devaient lui être enlevés en même temps que son amant, et elle vit cette autre femme qui resterait avec eux et qui gagnerait leur affection pendant qu’elle-même serait reléguée loin d’eux. Alors tout ce qu’il y avait de haine et d’instincts mauvais en elle se déchaîna, et pendant un instant elle fut vraiment ce que le roi l’avait crue, véritablement folle. Un poignard garni de pier-