Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/253

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cond qui tomba plus lourdement mais se releva aussi prestement. L’un portait l’habit bleu à parements d’argent des gardes du roi, l’autre avait le costume sombre des bourgeois. Chacun tenait à la main une courte barre de fer rouillée. Ni l’un ni l’autre ne prononça une parole, mais le soldat courut sur le bourreau et leva le bras au moment où il balançait sa hache pour frapper sa victime. On entendit comme le craquement d’un œuf qui se brise et la barre de fer vola en éclats. Le bourreau poussa un cri terrible, laissa tomber sa hache, porta ses deux mains à sa tête, fit deux ou trois pas en tournoyant sur la plate-forme et alla s’abattre comme une masse sur le pavé de la cour.

Rapide comme l’éclair, Catinat ramassa la hache et se planta devant Montespan, l’arme haute et les yeux menaçants.

— À nous deux, dit-il.

Le seigneur était resté si stupéfait au premier moment qu’il avait été incapable d’articuler une parole. Il comprit maintenant que ces étrangers venaient se mettre entre lui et sa proie.

— Emparez-vous de ces hommes, cria-t-il en se tournant vers sa suite.

— Un instant, dit Catinat d’une voix qui commandait l’attention. Vous voyez à mon uniforme qui je suis : garde du corps de Sa Majesté, chargé d’une mission spéciale. Me toucher, c’est toucher au roi. Prenez garde.

— Lâches ! hurla de Montespan, saisissez-le.