Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/254

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Mais les hommes d’armes hésitèrent, car la crainte du roi était, comme une grande ombre s’étendant sur la France entière. Catinat vit leur indécision et la mit à profit.

— Cette femme est la favorite du roi, dit-il, et vous risquez votre tête si vous touchez seulement à une mèche de ses cheveux. À vous de décider si, pour obéir à ce fou furieux, vous voulez risquer de voir craquer vos os sur la roue ou de vous tordre dans l’huile bouillante.

— Quels sont ces hommes, Marceau ? cria le seigneur furieux.

— Ce sont des prisonniers, Excellence.

— Des prisonniers, quels prisonniers ?

— Les vôtres, Excellence.

— Qui a donné l’ordre de les amener ici ?

— Vous-même. L’escorte avait votre anneau armorié.

— Je n’ai jamais vu ces hommes. Il y a quelque diablerie là-dessous. Mais ils ne me provoqueront pas dans mon propre château, et ils ne s’interposeront pas entre moi et ma femme. Non, par Dieu, ils ne le feront pas impunément ! Allons Marceau, Étienne, Jean, Gibert, Pierre, vous qui avez mangé mon pain ! en avant ! vous dis-je.

Ses yeux furieux parcouraient les rangs, mais ils ne rencontraient que des têtes baissées et pas un ne bougea. Poussant alors un horrible juron, il tira son épée et se précipita sur sa femme qui gisait évanouie auprès du billot. Catinat s’élança pour la protéger ; mais Marceau, l’intendant, avait