Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/267

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— Cet homme est obstiné, c’est vrai, mais d’autres céderont plus facilement.

Le roi secoua la tête.

— Je me demande ce que je dois faire, dit-il. Madame, je sais que vous du moins vous donnerez un bon conseil. Vous avez entendu tout ce qui a été dit. Que me conseillez-vous ?

Elle ne leva pas les yeux de sa tapisserie, mais ce fut d’une voix claire et ferme qu’elle répondit :

— Vous avez déclaré vous-même que vous êtes le fils aîné de l’Église. Si le fils aîné la déserte, qui donc lui sera fidèle ?

— Il y a des régions en France, dit Bossuet, où l’on peut voyager tout un jour sans voir une église, et où tous les gens, depuis les nobles jusqu’aux paysans appartiennent à la religion maudite, comme dans les Cévennes où les habitants sont aussi rudes et sauvages que leurs montagnes. Dieu protège les prêtres qui auront à ramener de telles gens, de leurs erreurs !

— Qui faudrait-il envoyer pour une mission aussi périlleuse ?

L’abbé du Chayla tendit aussitôt ses mains décharnées :

— Moi, Sire, moi, envoyez-moi. Je ne vous ai jamais demandé aucune faveur ni ne vous en redemanderai. Mais je suis l’homme capable de briser ces gens.

— Dieu protège les gens des Cévennes ! murmura Louis, en jetant sur la figure émaciée et les yeux étincelants du fanatique un regard où se