Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/28

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la rapière qui pendait à son côté n’était pas une arme de parade ; c’était une bonne lame à garde de cuivre dans un fourreau de cuir dont l’usure prouvait qu’elle avait vu un rude service. Il se tenait près de la porte, son chapeau empanaché de noir à la main, regardant avec une expression de dédain les groupes qui l’entouraient, mais au signe que lui fit le ministre de la guerre il se fraya hardiment un chemin à travers la foule, écartant sans façon de ses coudes ceux qui se trouvaient sur son passage.

Louis avait à un très haut degré la mémoire des physionomies : – Il y a des années que je ne l’avais vu, mais je l’ai reconnu immédiatement, dit-il en se retournant vers son ministre. C’est le comte de Frontenac, n’est-ce pas ?

— Oui, Sire, répondit Louvois, c’est Louis de Buade, comte de Frontenac, et précédemment gouverneur du Canada.

— Nous sommes heureux de vous revoir à notre lever, dit le monarque au moment où le vieux gentilhomme s’inclinait et baisait la main blanche qui lui était tendue. Je pense que les glaces du Canada n’ont pas refroidi votre loyauté.

— La mort seule le pourrait, Sire.

— J’espère alors qu’elle nous demeurera acquise encore de longues années.

Mais tout d’abord, comme les affaires de Dieu ont le pas sur celles de la France, dites-nous où en est la conversion des païens.

— Nous ne pouvons pas nous plaindre, Sire.