Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/299

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les vagues. D’un mouvement brusque, la chaloupe vira de bord et revint en arrière, aussi vivement que les solides bras des marins pouvaient manœuvrer les avirons. Mais tout était tranquille et calme sur le lieu du désastre. Il ne restait même pas un fragment de l’épave sur les flots pour indiquer où le Golden Rod avait trouvé son dernier port. Ils restèrent un long quart d’heure à croiser de tous côtés, sous le clair de lune, mais ils ne purent apercevoir la moindre trace du capitaine puritain, et ils se décidèrent enfin à reprendre le chemin de leur triste refuge, silencieux et le cœur oppressé.

Si désolé qu’il fût, le bloc de glace était le seul espoir qui leur restât, car l’eau envahissait de plus en plus la chaloupe. Comme ils approchaient, ils virent avec terreur que le côté qu’ils avaient en face d’eux était un mur de glace de soixante pieds de haut, sans une crevasse où l’on pût poser le pied. L’iceberg formait un énorme bloc d’au moins cinquante pas de long sur chaque face, et on pouvait espérer que l’autre côté serait peut-être plus abordable. Tout en épuisant l’eau, ils tournèrent l’angle, mais ce ne fut que pour se trouver devant une autre falaise de glace. De nouveau, ils continuèrent de tourner et ne rencontrèrent encore que le mur à pic. Il ne restait plus qu’un côté à explorer, et ils savaient tout en ramant que leurs vies dépendaient du résultat, car la chaloupe s’enfonçait de plus en plus. Ils sortirent de l’ombre pour entrer dans la lumière