Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/300

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de la lune, éclairant un spectacle qu’aucun d’eux n’oublierait jamais.

Le mur qui se dressait devant eux était à pic aussi, et les mille facettes de la glace scintillaient et miroitaient sous la lumière argentée de la lune. Au centre, cependant, au niveau de l’eau, était une énorme crevasse qui marquait l’endroit d’où le Golden Rod, en s’écrasant, avait détaché un gros bloc et préparé ainsi, sur sa ruine, un refuge pour ceux qu’il portait. Les bords dentelés de cette caverne étaient d’un vert d’émeraude, dont la teinte allait en se fonçant jusqu’au bleu pour finir en un trou noir. Mais ce ne fut pas la beauté de cette grotte, ni l’assurance de trouver un refuge qui amena un cri de joie et d’étonnement sur toutes les lèvres : les naufragés venaient d’apercevoir, assis sur une pointe de glace et fumant tranquillement une longue pipe de corne, le capitaine Éphraïm Savage en personne. Un instant, ils auraient pu croire que c’était son fantôme, mais le ton de sa voix leur montra que c’était lui réellement, et de fort mauvaise humeur, en vérité.

— Ami Tomlinson, dit-il, quand je vous dis d’aller vers un iceberg, j’entends que vous y alliez tout droit, voyez-vous, et que vous ne vous amusiez pas à vous promener sur l’Océan. Ce n’est pas de votre faute si je ne suis pas gelé, ce qui n’aurait pas manqué si je n’avais eu pour me réchauffer un peu de tabac sec et un briquet.

Sans s’arrêter pour répondre aux reproches de