Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/322

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rapidement le courant. Une minute après, une masse sombre derrière eux, au milieu de laquelle brillaient faiblement deux petits points jaunes, était tout ce qu’ils pouvaient apercevoir du Saint-Christophe.

Toute la nuit, ils pagayèrent sans une minute de répit. Côtoyant la rive sud pour éviter la force du courant, ils avançaient rapidement, car Catinat et Amos étaient habitués depuis longtemps à cet exercice, et les deux Indiens travaillaient comme si leur propre vie eût été en jeu. Un silence absolu régnait sur le fleuve, interrompu seulement par le clapotis de l’eau contre la proue recourbée du canot, ou le cri aigu des renards dans les bois. Quand, enfin, le jour parut, ils étaient loin de la citadelle et de toutes traces d’habitation humaine. Les forêts vierges, dans leur merveilleuse parure d’automne, descendaient jusqu’au bord du fleuve, qui présentait en cet endroit un îlot entouré d’une petite bordure de sable jaune avec un bouquet de sumacs et de mélèzes rouges mêlant les riches teintes de leurs feuillages.

— J’ai déjà passé ici, dit Catinat. Je me rappelle avoir fait une marque sur le tronc de ce grand mélèze, là-bas à gauche, la dernière fois que je suis allé avec le gouverneur à Montréal. C’était du temps de Frontenac, lorsque le roi était le premier et l’évêque le second.

Les Peaux-Rouges qui, jusque-là, étaient restés assis sur leurs bancs, pareils à des statues de