Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/348

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devoir de tirer aussitôt sur lui. Cependant, malgré son intempérance et sa violence, c’était un bon compagnon qui possédait un tel recueil d’anecdotes et de souvenirs que Scanow et Morgan ne se rappelaient pas avoir accompli une traversée plus agréable.

Enfin arriva le dernier jour, et, après avoir dépassé l’île de Wight, ils jetèrent l’ancre sous les falaises de Beachy-Head. Le soir même le navire se balançait sur une mer d’huile à une lieue de Winchelsea en face de la longue presqu’île de Dungeness. Le lendemain matin il devait trouver le pilote au Foreland et sir Charles pourrait le soir même se présenter à Westminster aux ministres du roi. Le maître d’équipage faisait le quart, et les trois partenaires habituels se retrouvèrent pour la dernière fois dans la cabine pour faire leur partie de cartes traditionnelle. Le fidèle Américain prêtait encore au gouverneur le concours de ses yeux. L’enjeu jeté sur la table était assez gros, car les deux marins comptaient sur cette dernière nuit pour rattraper les pertes que leur avait fait subir leur passager.

Tout à coup ce dernier jeta ses cartes sur la table et ramassa tout l’argent qu’il glissa dans la poche de son gilet de soie.