Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/349

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— J’ai gagné ! s’écria-t-il.

— Hé, sir Charles, pas si vite ! s’écria le capitaine Scanow, vous n’avez pas fini de jouer toutes vos cartes et nous n’avons pas encore perdu !

— Vous me prenez pour un menteur ! dit le gouverneur. Je vous affirme que j’ai joué toute ma main et que vous avez perdu !

Il arracha, tout en parlant, sa perruque et ses lunettes et laissa apercevoir un front large et chauve, et une paire d’yeux bleus clignotants, entourés de cils rouges comme ceux d’un terrier.

— Bon Dieu ! s’écria le maître, c’est Sharkey !

Les deux marins bondirent de leurs sièges. Mais le grand Américain s’adossa à la porte de la cabine, tenant un pistolet dans chacune de ses mains. Le passager avait aussi déposé un pistolet sur les cartes éparpillées devant lui et il fit entendre un éclat de rire sinistre.

— Oui, messieurs, dit-il, mon nom est, en effet, capitaine Sharkey ! et voici le joyeux Ned Galloway, le quartier-maître de l’Heureuse-Délivrance. Nous avions trop malmené l’équipage, aussi il nous a déposés l’un et l’autre, moi, sur une côte déserte, et lui, dans une barque sans avi-