Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/373

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mais sale, tendue de rideaux en velours d’un grand prix, mais couverts de taches de vin. Les boiseries étaient en bois des îles, mais portaient de toutes parts des balles de pistolet enfoncées dans les parois.

Sur la table se trouvait étendue une grande carte marine de la mer des Caraïbes et devant, le compas en main, se tenait un homme au visage pâle entièrement rasé, la tête couverte d’un bonnet de fourrure, vêtu d’un paletot de damas couleur lie de vin. Craddock blêmit sous ses taches de rousseur, en regardant cet homme aux narines de fauve, aux yeux bordés de cils rouges qui le fixait avec le regard satisfait du joueur victorieux qui n’a pas laissé un seul atout à son adversaire.

— Sharkey ! s’écria Craddock.

Les lèvres du pirate s’ouvrirent, et il rompit le silence en faisant entendre son rire empreint du triomphe le plus insolent.

— Imbécile ! s’écria-t-il.

Tout en se baissant, il enfonça à plusieurs reprises ses compas dans l’épaule de Craddock.

— Pauvre misérable imbécile, d’avoir eu l’idée d’oser essayer de vous mesurer avec moi !

Craddock devint fou de rage, non pas