Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/402

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Ils étaient servi par le stewart muet auquel Sharkey porta un énorme coup à la tête, parce qu’il s’était montré trop lent à remplir son verre.

Le quartier-maître avait eu soin d’enlever à Sharkey ses pistolets, car une de ses plaisanteries favorites était de faire feu sous la table sans viser, et de constater lequel était, des convives, celui qui avait le plus de chance. Cette drôlerie avait coûté une jambe à son maître d’équipage. Aussi quand la table était-elle desservie, avait-on pris l’habitude, sous prétexte de la chaleur, d’enlever à Sharkey toutes ses armes et de les mettre hors de sa portée.

La cabine du capitaine, sur le Ruffling-Harry, était placée sur le pont du navire, à l’étrave, et un canon de retraite était placé derrière. Tout autour de la paroi se trouvaient des râteliers d’armes et trois énormes barils de poudre servant de dressoirs pour poser les plats et les bouteilles. Dans cette pièce lugubre, les cinq bandits continuèrent de boire en chantant et en hurlant, tandis que le stewart remplissait en silence leurs verres, et leur passait successivement le tabac et la chandelle pour allumer leurs pipes. Heure après heure, la conversation devenait plus infecte, les voix