Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/403

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plus enrouées, les jurons et les cris plus incohérents. Enfin, sur les cinq convives, trois fermèrent leurs yeux injectés de sang et laissèrent tomber sur la table leurs têtes ballottantes.

Copley Banks et Sharkey restaient face à face, l’un parce qu’il avait à peine bu, l’autre parce que l’abus des boissons n’arrivait jamais ni à briser ses nerfs d’acier, ni à réchauffer son sang pourri. Derrière lui se tenait aux aguets le stewart, remplissant à chaque instant son verre qui se vidait. Au dehors on entendait le bruissement de la vague léchant les flancs du navire, et la voix d’un marin qui chantait sur l’autre barque.

Dans cette nuit calme et sereine du tropique, les paroles du chanteur parvenaient claires à leurs oreilles :


Le long courrier est parti de Stepney Towm.
Réveille-toi !
Secoue-toi !
Hisse la grand voile !
Le long courrier est parti de Stepney Town,
Avec une barrique d’or, des habits de velours.
Le drapeau des pirates est tout près qui te guette,
Les voiles baissées prêtes à se lever

Sur la mer de Lowland !

Les deux bons amis écoutaient en silence. Tout à coup, Copley Banks jeta un coup