Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/408

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Les mots lui parvenaient distinctement aux oreilles ; dans le lointain, il entendait le pas de deux sentinelles qui montaient la garde sur le pont de son navire. Et pourtant il était là, sans qu’on pût lui porter secours, faisant face à la gueule de la caronade, impuissant, incapable de faire un mouvement ou de laisser entendre le moindre son.

Et, de nouveau, il entendait les voix qui montaient du navire :


             Le voilà qui aborde dans la baie de Stornaway,
                    Emballez le butin !
                    Détruisez-tout !
             Courons la bouline dans la baie de Stornaway,
             Car le vin est bon et les filles joyeuses,
                    Attendant leur brutal amant,
                    Guettant leur retour
                    À travers la mer de Lowland.


Ces paroles joyeuses, ces gais éclats de voix rendaient plus pénible le sort du pirate qui sentait venir la mort ; ses yeux gardaient cependant toute leur férocité !

Copley Banks avait nettoyé avec le plus grand soin l’amorce du canon et avait répandu de la poudre fraîche sur la lumière. S’emparant ensuite de la chandelle, il l’avait coupée, laissant seulement un morceau de la longueur d’un pouce et l’avait placée sur la poudre répandue jusqu’au