Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/45

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rait jusqu’au bout, par tous les moyens, avant de se résoudre à abandonner la situation qui lui était si chère. Elle parlait du tort qu’il lui avait causé. Quel tort ? Dans son égoïsme profond, alimenté par de continuelles flatteries, il était incapable de concevoir que ces quinze années d’une vie qu’il avait absorbée tout entière donnaient à sa maîtresse quelques droits sur lui. Aujourd’hui il était fatigué d’elle ; elle n’avait plus qu’à accepter sans récrimination la haute position qu’il se proposait de lui donner. Elle aurait une pension, et ses enfants seraient pourvus d’emplois et de bénéfices. Que pouvait donc exiger de plus une femme raisonnable ?

Et puis ses motifs de la congédier n’étaient-ils pas louables et excellents ? Il les repassait dans son esprit, tandis qu’agenouillé sur son prie-Dieu il écoutait la messe que récitait l’archevêque de Paris, et plus il examinait les motifs plus il les approuvait. La conception qu’il se faisait de la divinité était celle d’un Louis plus puissant, sa conception du Ciel celle d’un Versailles plus magnifique. S’il exigeait une obéissance absolue de ses vingt millions de sujets, il devait aussi se montrer soumis envers Celui qui avait le droit de l’exiger de lui. En définitive, sa conscience l’absolvait en toutes choses, sauf en cette affaire. Depuis le jour où la douce Marie-Thérèse était venue d’Espagne, il ne l’avait pas laissée un seul jour sans une rivale. Aujourd’hui qu’elle était morte, sa conduite n’était pas meilleure. Une fa-