Page:Doyle - Les Réfugiés.djvu/46

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vorite avait succédé à une autre et si Montespan était restée si longtemps en faveur, elle le devait à son audace plus qu’à l’amour qu’il ressentait pour elle. Mais le Père La Chaise et Bossuet ne cessaient de lui rappeler qu’il avait dépassé le point culminant de sa vie et qu’il descendait la côte qui mène au tombeau. Son accès de passion désordonnée pour la malheureuse Fontanges avait été la dernière lueur du flambeau ; le temps était venu de la gravité et du calme, et ce n’était pas en la compagnie de Mme de Montespan qu’il dût s’attendre à les trouver.

Mais il avait découvert celle près de qui il rencontrerait ce calme et cette gravité. Depuis le jour où Montespan avait présenté la majestueuse et silencieuse veuve comme gouvernante de ses enfants, il avait goûté en la société de celle-ci un plaisir dont il ne se fatiguait pas et qui allait toujours croissant. Dans les premiers temps, il lui était arrivé de rester des heures entières dans les appartements de sa maîtresse, retenu par le tact et la douceur avec lesquels la gouvernante savait diriger l’esprit mutin et pétulant du jeune duc du Maine, et imposer son autorité au malicieux petit comte de Toulouse. Il était venu d’abord pour assister aux leçons, mais il n’avait pas tardé à y venir pour admirer le professeur. Et puis avec le temps il s’était senti attiré par cette nature douce et forte, et il avait fini par la consulter sur sa conduite et par suivre ses conseils avec une docilité qu’il n’avait jamais montrée envers aucun